Ilan Halimi, mort parce que juif

Il y a quinze ans, le 13 février 2006, la mort dans d'horribles circonstances d'Ilan Halimi a secoué la France.

Les faits.

Ilan Halimi est né le 11 octobre 1982 et est issu d'une famille juive marocaine.

Le soir du 20 janvier 2006, alors qu'il est âgé de 23 ans, Ilan est enlevé après avoir rejoint une jeune fille qu'il avait rencontré une semaine plus tôt dans le magasin où il travaillait. C'était en fait un guet-apens.  Il sera découvert 24 jours plus tard, le 13 février 2006, agonisant, le long des voies ferrées du RER C, à Sainte-Geneviève-des-Bois.

Pendant ces 24 jours, Ilan va vivre un calvaire, séquestré et torturé dans un immeuble de Bagneux.

L'autopsie a révélée des brûlures sur 80% du corps, plusieurs hématomes et contusions, une plaie à la joue faite au cutter, et deux plaies à l'arme blanche sous la gorge. Ces trois semaines de tortures, auxquelles s'ajoutent l'affaiblissement dû au froid et la faim, ont conduits à la mort d'Ilan Halimi.

 

Le caractère antisémite de l'affaire.

Ces semaines de tortures avaient été orchestrées par "le gang des barbares", composé d'une vingtaine de membres âgés de 17 à 32 ans et mené par Youssouf Fofana. Ils avaient déjà organisé plusieurs tentatives d'enlèvement mais toutes avaient échoué.

Ses ravisseurs, avaient comme objectif d'extorquer la somme de 450.000€ à la famille Halimi, supposée riche car juive, en échange de la libération d'Ilan.

Lorsqu'ils se sont rendus compte que le famille Halimi ne disposait pas de la somme demandée, ils ont chargé un rabbin de récolter l'argent auprès de la communauté juive, pour payer la rançon.

Après la mise en examens des membres du gang, le parquet a retenu la circonstance aggravante de faits commis en raison de l’appartenance de la victime à une ethnie, une race ou une religion déterminée.

15 ans après, ni oubli, ni pardon.

 

La naissance d'un "nouvel antisémitisme"

Suite à l'assassinat d'Ilan Halimi et des autres crimes visant la communauté juive dans les années qui ont suivi, le terme "nouvel antisémitisme" a beaucoup été entendu dans les médias et dans la politique.

Il désigne les nouvelles formes de discriminations envers les juifs, apparues depuis la fin du XXe siècle et le début du XXIe, et qui serait issu de l'opposition au sionisme et à l'État d'Israël notamment et qui émanerait des extrêmes gauche et droite.

En 2018, après deux années de baisse consécutives, le nombre d’actes antisémites (violences, menaces, atteinte aux biens, tentatives d'homicides et un homicide) recensés avaient bondi de 74 %, annonçait Christophe Castaner.

Pendant de nombreuses années, ce phénomène a été assimilé à l'islam, aux musulmans et aux quartiers populaires. On parle alors d'un antisémitisme qui est né dans les quartiers et les banlieues et dont les jeunes musulmans seraient les acteurs (antisémitisme des quartiers ou islamiste). En 2012, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France disait de l'antisémitisme qu'il était un " fléau dont nous savons qu'il est devenu de plus en plus important chez certains jeunes appartenant à la communauté arabo-musulmane en France."

Cependant, depuis 2018, on assiste à la réapparition d'une extrême droite virulente, qui passe à l'acte, notamment lors du mouvement des Gilets Jaunes où nous avons pu constater chaque samedi des actes et propos anti-juifs : " Bien qu'il soit né de revendications sociales et qu'il regroupe des manifestants n'arrivant pas à boucler leurs fins de mois, chaque samedi a été l'occasion d'actes graves ciblant la communauté juive. Sans que l'on puisse les attribuer aux gilets jaunes en général, mais sans qu'on puisse non plus les attribuer à d'autres " (via Liberation)

Selon une étude conduite par l'IFOP pour la Fondation pour l'innovation politique et l'American Jewish Committee, 34% des juifs de France déclarent se sentir menacés en raison de leur appartenance religieuse.

Aujourd'hui, l'antisémitisme est toujours trop présent dans notre société, et il nous incombe à tous de le combattre et de faire en sorte qu'il soit éradiqué.