La Banlieue influence Paname, Paname influence le monde
Auteur/autrice : ghettup
#13 – @Le Kremlin Bicêtre (94) – 24/10/2019
Le jeudi 24 octobre 2019 c’était l’Afterwork Hacker le système organisé par Ghett’up et l’Arc de l’innovation dans les locaux de Epitech au Kremlin-Bicêtre. Au programme :
Remise de prix et pitch des 8 porteurs de projets innovants et lauréats du 3ème appel à projets de l’Arc de l’innovation !
Un talk sur le format "AFTERWORK DU BENDO" made in GHETT'UP « Comment la tech peut accélérer le changement dans les quartiers populaires ? »,
Un cocktail networking pour échanger avec les intervenants et booster son réseau !
NOS INVITÉS
Haweya Mohamed
Co-Fondatrice d'Afrobytes
Larbi Hammouchi
Co-fondateur Lokalok
Ryad Boulanouar
Fondateur de Compte-Nickel
Yassine Riffi
Développeur chez Soliguide & Bani Street
Abiola Ulrich Obaonrin
Co-fondateur d'Argot
NOS PARTENAIRES
Epitech
Arc Innovation
#15 – @Montreuil – 25/07/2020
“Banlieue lives matter ? Covid-19 : inégalités, solidarité, quel après ?” etait le sujet autour duquel s’est déroulé l’Afterwork du Bendo du samedi 25 juillet 2020 au Parc Jean-Moulin – Les Guilands. Table ronde, open mic, Dj et bonne ambiance étaient au programme, mais aussi des speakers du futur qui se sont engagés pendant la crise Covid-19 :
- Shéhérazade Choukri jeune actrice associative de terrain dans l'association WinWin
- Mehdi Maizate, jeune entrepreneur fondateur de MakerAgency et lauréat du concours Lépine
- Inès Belgacem, journaliste engagée chez Streetpress
- Aladine Zaiane, réalisateur et membre de l’école Kourtrajmé
NOS INVITÉS
Ines Belgacem
Journaliste engagée chez Streetpress
Mehdi Maizate
Fondateur Makagency / Lauréat Concours Lépine
Aladine Zaiane
Réalisateur et étudiant chez Kourtrajmé
NOS PARTENAIRES
Est ensemble
IN Seine Saint-Denis
#17 – @Paris 18ème – 08/10/2021
Comment transformer une idée liée au domaine sportif en business ? Quel est la place du sport dans la politique de la ville ? Comment penser l’après Paris2024? Toutes ces questions ont été abordés pendant l’Afterwork du Bendo du vendredi 8 octobre au five Five dans le 18e Au programme :
- Table ronde avec nos speakers
- Open mic pour les porteurs de projet
- Networking autour d'un cocktail
NOS INVITÉS
Agnès Sylvestre
Directrice Paris Basket 18
Aminata Konate
Basketteuse professionel
Suzana Garcia
Coach U13 Arsenal FC à Londres
Florent Masson
Senior Brand Manager Adidas
Hakim Zermouni
Ancien athlète; Docteur en relation internationale; Auteur; Équipe de France de Foot des écrivains
Joseph Viéville
Co-fondateur du Five
NOS PARTENAIRES
All Parisian
Le Five
#1 – @Stains – 08/12/2016
L’afterwork du Bendo du 8 décembre 2016 sonnait le lancement de la saison des Afterworks du Bendo avec la présentation des projets de l’année à venir. Il se déroulait à Stains et était en partenariat avec l’association Stains Espoir.
NOS INVITÉS
Assane
Porte parole de l'association Stains Espoir
Azzedine Taibi
Maire de Stains
Yusuf
Porte parole de l'association Réseau Cadre et Étudiant (RCE)
NOS PARTENAIRES
Stains Espoir
Réseau Cadre et Étudiants
L’histoire de Zyed, Bouna et de la révolte des banlieues
La mort de deux jeunes ou l’étincelle qui a mis le feu aux poudres
Le 27 octobre 2005, en pleine période de Ramadan, trois jeunes rentrent d’un match de foot, avec leurs amis. Sur leur chemin, ils tentent d’échapper à un contrôle de police qui, pour certaines populations, peut vite devenir un épisode humiliant et désagréable.
Zyed, Bouna et Muhittin se cachent alors derrière un transformateur EDF. Les deux premiers y perdent la vie, électrocutés, et le troisième en ressort gravement brûlé.
Plusieurs choses ont été reprochées aux forces de l’ordre. Premièrement, les contrôles abusifs : les adolescents ont été poursuivis par les policiers sans qu’aucune effraction de leur part n’ait été commise. Ensuite, leur manque de réactivité et le temps qu’il leur a fallu pour appeler les secours a grandement été décrié. L’un d’eux dira même au moment du drame : “S’ils entrent dans le site, je ne donne pas cher de leur peau”.
Deux policiers ont été poursuivis pour non-assistance à personne en danger mais ont été définitivement relaxés en 2015. Le tribunal a décidé que les deux policiers n’avaient pas connaissance d’un danger « certain et imminent ».
Chronologie des faits via The Funambulist
L’ampleur des révoltes
Le soir même de la mort des deux jeunes hommes, les quartiers de Clichy-sous-Bois se sont fait entendre et des affrontements ont éclaté.
Mais c’est le lancé d’une grenade lacrymogène par les forces de l’ordre à l’entrée d’une mosquée le 30 octobre 2005 qui a déclenché des mouvements dans toute l’Ile-de-France, qui s’étendront très vite dans tout le pays.
Les mois précédents, des tensions étaient déjà présentes entre gouvernement et quartiers après que Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir « nettoyer les cités au kärcher »; provoquant l’indignation. De tels propos n’ont fait qu’aggraver un sentiment de non-appartenance à la nation, que les populations concernées ressentaient depuis déjà bien longtemps.
Les révoltes de l’automne 2005 sont les plus importantes en France depuis Mai 68 et sans équivalent en Europe avant celles de 2011 en Angleterre. En quelques chiffres :
300 communes touchées
Des centaines de blessés
6000 personnes interpellées
200 à 250 millions d’euros de dégradations
1 couvre-feu
3 mois d’état d’urgence
Une occasion de dégrader le pays pour certains, un cri de douleur et un appel à l’aide pour d’autres ; ces événements sont d’une extrême importance dans l’histoire moderne de France.
L’après Automne 2005
De nombreuses questions ont été soulevées au lendemain des révoltes, notamment sur la place des banlieues et des quartiers populaires dans le paysage français.
Est née alors une volonté d’avoir des médias plus diversifiés et plus représentatifs des populations qui font notre pays. Dans toutes les sphères de la société, on aspirait au changement.
L’État de son côté a mis en place un plan de renouvellement urbain de 48 milliards d’euros dépensés entre 2005 et 2015 avec des voies publiques et des transports en commun pour désenclaver les quartiers qui sont souvent à l’écart de la ville. Celui-ci n’a pas eu le résultat escompté : ses effets sur le chômage et les inégalités économiques n’ont été que très minimes.
Zyed et Bouna ce sont deux noms, deux visages gravés à jamais dans la mémoire de milliers de jeunes issus de quartiers populaires.
Une jeunesse qui a vécu ces révoltes et en a subi les conséquences, et une autre qui a grandi en entendant ces noms et ces histoires qui aujourd’hui encore, ne font que trop bien écho à leur quotidien.
Le saviez-vous ?
Pendant les révoltes, des journalistes suisses s’installent à Bondy pour couvrir les événements depuis l’intérieur même des banlieues.
Ce qui a ensuite donné naissance au Bondy Blog que l’on connaît aujourd’hui et qui s’est donné comme mission de raconter le quotidien des personnes que l’on n’entend pas dans les médias traditionnels
Auteure : Salamata SALL
Millennials: quoi retenir de la Marche de 1983 ?
On vous en parlait récemment dans un post Instagram, puis en live avec la journaliste, autrice et éditrice Nadia Hathroubi-Safsaf : la Marche de 1983, de quoi s’agit-il ? Pourquoi est-elle un moment important dans l’histoire de l’immigration ? Quelle(s) mémoire(s) en reste-t-il aujourd’hui, et que représente-t-elle pour notre génération de jeunesse issue de l’immigration ?
Un moment clé dans l’histoire des luttes de l’immigration…
La Marche pour l’égalité et contre le racisme, c’est d’abord une action militante qui s’inspire de modes de protestations non-violents à l’image de ceux de Martin Luther King et Gandhi, en réponse à un contexte de crimes racistes et xénophobes : le but est de traverser la France à pied, de Marseille à Paris, pour protester contre les violences policières dans les quartiers populaires, les inégalités sociales subies par les immigré.e.s et descendant.e.s de l’immigration, la xénophobie, et revendiquer l’égalité des droits politiques.
De nombreux articles, ouvrages, films, archives photos et vidéos retracent l’histoire des trois mois de la Marche, durant laquelle les marcheur.se.s s’arrêtent dans des villes de France et rencontrent les habitant.e.s, pour aboutir sur un rassemblement sans précédent à Paris le 3 décembre 1983 : au départ moins d’une vingtaine de personnes s’élancent, au fur et à mesure rejoins de ville en ville avec une attention médiatique accrue, jusqu’à en faire un évènement d’une ampleur nationale inédite. Il débouche sur un rassemblement de plus de 100 000 personnes à Paris, suivie d’une réception d’une délégation de marcheur.se.s par le Président Mitterrand.
Pour un résumé de la Marche, vous pouvez aller (re)voir notre post Instagram qui revient en textes et en images sur cet évènement
Et aussi aller consulter de nombreuses archives vidéo et résumés en images de la Marche disponibles en ligne comme ce dossier de l’INA ou cette présentation du Musée de l’histoire de l’immigration, qui propose également un riche dossier bibliographique.
…Et pourtant sujet à des mémoires conflictuelles, voire effacées ?
La conclusion de la Marche est nuancée : elle marque une date sans précédent pour l’histoire des luttes de l’immigration des années 1980, où vont suivre de nombreuses autres initiatives militantes et associatives. Mais sa récupération par SOS Racisme va de pair avec une tentative d’essoufflement du mouvement politique à l’œuvre. Le nom même de « Marche des Beurs » utilisé très majoritairement depuis les années 1980 pour désigner la Marche est représentatif des problématiques mémorielles qui suivent cette mobilisation. Le sociologue Abdellali Hajjat, qui a consacré une étude majeure au contexte de la Marche, écrit ainsi à propos du nom de « Marche des Beurs » :
« À l’origine, « Beur » signifie « Arabe » en verlan et le mot est utilisé par les enfants d’immigrés maghrébins de la région parisienne pour s’auto-désigner. Mais le terme échappe rapidement à ses inventeurs et devient une forme d’assignation identitaire. Les “Beurs” ne sont plus des Arabes : ils ne sont ni des Français à part entière ni tout à fait des immigrés, et les “bons Beurs” se distinguent des “mauvais travailleurs immigrés”. Le terme “beur” scelle la séparation symbolique d’avec la génération des parents immigrés. Au moment même où les “jeunes immigrés” font leur entrée symbolique dans l’espace public, les travailleurs immigrés sont disqualifiés symboliquement lors des grèves de l’automobile (Citroën-Aulnay et Talbot-Poissy). Ce basculement est fondamental dans l’histoire de l’immigration parce qu’il correspond à la construction de l’opposition entre les “Beurs laïques assimilables” et les “immigrés musulmans inassimilables”. »
Au sujet de la déviation à l’œuvre dans ce changement de nom, et des mémoires conflictuelles de la Marche, vous pouvez aller consulter cet article de Slate,« Pourquoi il ne faut pas parler de « Marche des beurs », qui revient sur cette question et interroge notamment des acteur.ice.s de l’époque.
La mémoire et l’histoire comme enjeu politique : discussion avec Nadia Hathroubi-Safsaf
Journaliste, autrice et éditrice, Nadia Hathroubi Safsaf a consacré un livre à l’histoire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Sorti en 2013, la même année que l’étude de Abdellali Hajjat, à l’occasion des 30 ans de la Marche, elle y interroge notamment des acteur.ice.s de l’époque.
La marche pour l’égalité et contre le racisme – Abdellali HajjatLa longue marche pour l’égalité – Nadia Hathroubi – Safsaf
Quand on demande à Nadia quel souvenir elle garde de la Marche de 1983, c’est surtout des suites qu’elle se rappelle. Assez jeune au moment de la Marche, elle nous raconte cependant toute l’effervescence qu’il y eut ensuite autour de SOS racisme et Touche pas à mon pote : « Mais je ne savais pas ce que cela signifiait, ce n’est qu’à la fac que j’ai découvert ce qu’était la Marche ». En effet, elle nous rappelle qu’à l’époque, il n’y avait pas internet et les réseaux sociaux, donc pas de visibilité des luttes qui ont pu être menées. Raison de plus de ne surtout pas les oublier : « Nous sommes tous.tes hériter.e.s de ces luttes ! »
Comment donc ne pas oublier, s’en rappeler, commémorer, transmettre et combler ce vide mémoriel ?« Il faut les archiver, car si on n’archive pas, c’est comme si elles n’existaient pas ». Par exemple, elle nous explique qu’en 2013, à l’occasion des 30 ans de la Marche, l’effervescence a été de courte durée. Alors même qu’on pourrait se demander : qu’est ce qui a changé ? : « J’ai un peu un sentiment amer en voyant que nos frères, pères, maris meurent toujours de violences racistes. », confie Nadia.
Alors aujourd’hui, on en est où ?
« Je pense qu’il faut qu’on produise, et qu’on ne laisse plus les autres nous raconter. Il faut qu’on se raconte ! Je saluais par exemple Ouafa Mameche, qui a créé les éditions Faces Cachées, je pense aussi aux éditions Premier Matin de novembre, ou encore Melting Book. Je crois qu’on infantilise beaucoup les quartiers populaires, et qu’on pense et parle à leur place. Mais malgré ça, maintenant ça bouge, et des choses émergent : quand on pense à Kourtrajmé, ou par exemple avec le récit des « Daron.ne.s » ! Pour que cette histoire continue à vivre, il faut qu’on s’en empare. »
Vous pouvez retrouver l’intégralité du live présenté par Ferial avec Nadia Hathroubi-Safsaf sur l’IGTV de Ghett’Up.
L’heure est à la révision des modes opératoires de sécurité en France. Validée le 15 avril, la loi “Sécurité globale” entraînera des changements. A cette occasion, Kelly et Dylan du pôle plaidoyer Ghett’up vont débattre en live ce vendredi avec Alexandre Touzet. Représentant des maires au Beauvau de la sécurité, il pourra écouter les propositions qu’ils auront à lui soumettre.
Quel est le but du débat avec Alexandre Touzet ?
Kelly : “ Le but du débat avec Alexandre Touzet est de souligner le fait qu’il n’y a pas d’associations aux Beauvau de la sécurité et de se placer comme des acteurs qui s’inscrivent à l’intérieur. Même si on n’y a pas été convié. L'objectif de ce live est d’échanger et débattre plus particulièrement sur les problématiques liées aux liens entre la police et la population. C’est un représentant très important car il va mettre en place la loi de programmation de la sécurité intérieure pour le Beauvau de la sécurité. A souligner, qu’il y aura différents acteurs de quartiers pendant ce live avec nous.”
Quelles sont les idées que tu souhaites lui soumettre ?
Kelly : “ Tout ce qu’on souhaite lui soumettre est répertorié dans un “ position paper “ (note de position), dans laquelle nous sommes revenus sur les principales critiques qu’on entend et qu’on adresse à la police dans les quartiers. C’est-à-dire : “ une police illégitime, une police déconnectée, une police raciste etc.” Et on a essayé de trouver des solutions à l’ensemble de cette perception de la police. Il y aura donc des solutions qui sont déjà appliquées à l’international ou des questions qui sont déjà débattues depuis quelque temps en France également...L’idée est de soumettre des réponses concrètes pratico-pratiques à ces critiques. Du coup, on critique mais on propose.”
Penses-tu que cela aura un impact sur l’avenir des quartiers ?
Kelly : “ Je pense que cela pourrait avoir un impact. Et, les acteurs de quartiers peuvent être vus comme des gens avec qui on peut dialoguer. Mais il y a tout cet imaginaire collectif dans l’esprit des décideurs : que l’on ne peut pas discuter avec les acteurs de quartiers parce que ce sont des voyous, des personnes qui font des émeutes etc. Je pense donc que le fait d’engager un dialogue serein avec des propositions pourra permettre aux quartiers de mieux s’exprimer dans ce type d’évènements.”
Quels sont vos projets futurs concernant le Beauvau de sécurité ?
Kelly : “ L’idéal serait qu’il y ait un retour sur le Beauvau de la sécurité lié à l’intervention de Ghett’up et des autres acteurs de quartiers. On va soumettre à Alexandre Touzet la “position paper”, lui poser des questions, lui raconter des anecdotes… Afin de voir s'il va les reprendre pendant le Beauvau de la sécurité et s'ils vont être discutés durant cette réunion. Et c’est ce que l’on regardera lundi [durant le Beauvau de la sécurité]. En dehors de ça, notre goal avec Dylan serait de créer un nouveau Beauvau de la sécurité en parallèle avec différents acteurs de quartiers qui échangent.”
Le premier janvier 2021 marquait le lancement de notre série-documentaire “Nos Daron.ne.s”, une expérience intergénérationnelle pour rendre hommage à nos parents et prendre notre place dans l’Histoire de notre pays.
Nous avions pour objectif de choisir une date significative et porteuse d’histoires, on vous explique tout.
Le 1er janvier, une date symbolique chez beaucoup de personnes issues de l’immigration
Le 1er janvier (ou le 31 décembre pour certain.e.s) est la date de naissance administrative de milliers d’hommes et femmes issu.e.s de l’immigration depuis les anciennes colonies.
Dans ces territoires, les services d’état civil étaient absents ou ne fournissaient pas de documents reconnus par l’État français.
Il faut savoir que dans le travail généalogique de l’histoire des familles, les états civils sont des sources primaires, fondamentales.
Leur absence ou leur non prise en compte rend le travail « d’arbre généalogique » quasi impossible et provoque une rupture des liens de filiation et de transmission mémoriels qui impacte des générations.
Sont concernés les immigrant.e.s issu.e.s de peuples anciennement colonisés mais aussi les « pieds noirs »: « Français d’ascendance européenne installés en Afrique du Nord jusqu’à l’indépendance ».
Pourquoi Nos Daron.ne.s ?
Bien qu’il ait eu de nombreuses significations à travers les siècles, aujourd’hui, chez l’argot des jeunes de quartiers populaires, le mot daron.ne désigne les parents.
Notre argot est toujours vu du mauvais oeil, malgré le fait qu’il soit repris par de nombreuses personnes qui ne viennent pas de nos quartiers. La société continue de dénigrer ce vocabulaire qui représente pourtant toute la richesse de nos quartiers, et à plus grande échelle, de notre pays.
Insister sur ce vocabulaire, en être fier et le revendiquer, c’est une démarche politique de notre part pour réhabiliter nos identités de banlieusards. En sociologie, on appelle ça « le retournement de stigmate » : « il existe des processus de retournement du stigmate qui font du stigmate un médium de communication, de revendications, d’actions, etc. Le stigmate est alors mobilisé et revendiqué par le stigmatisé comme révolte contre sa situation » (discrim.fr)
L’importance d’avoir une telle série à portée de main
Nos Daron.ne.s c’est l’occasion pour de nombreux.ses jeunes issu.e.s de l’immigration de se réapproprier et de revendiquer leur histoire, mais pas que. C’est aussi une opportunité d’en savoir plus sur l’histoire de ses parents, de leurs sentiments, leurs rêves et du long chemin traversé depuis leur pays d’origine pour arriver en France.
Dans l’épisode 2, l’historienne Naïma Yahi disait : » C’est extrêmement important de raconter ces histoires, déjà pour construire nos identités. Il faut porter fièrement nos histoires singulières, qui nourrissent dans un même lit, une histoire collective. Nous sommes dans une posture d’identité narrative : on va se raconter ensemble. On va s’incruster de gré ou de force sur la photo de famille. Et si nos aïeux ne sont pas sur la photo, on ne va pas s’en sortir. Parce que dans le regard de l’autre, moi, mes enfants et mes petits-enfants seront toujours ‘l’autre’, celui qui n’est pas légitime, celui qui ne fait pas partie de notre groupe. On doit prendre place à la table parce que sinon on sera toujours à la cave. Il faut qu’on se construise en tant que citoyen, et on ne peut pas se construire en amputant littéralement une partie de nous. »
En somme, Nos Daron.ne.s c’est célébrer ce besoin universel de savoir, de se valoriser, d’exister. Un pas vers la connaissance de son histoire, fondamentale dans la construction de son identité, de son estime de soi, et de son sentiment de légitimé dans une société.
Il y a quinze ans, le 13 février 2006, la mort dans d'horribles circonstances d'Ilan Halimi a secoué la France.
Les faits.
Ilan Halimi est né le 11 octobre 1982 et est issu d'une famille juive marocaine.
Le soir du 20 janvier 2006, alors qu'il est âgé de 23 ans, Ilan est enlevé après avoir rejoint une jeune fille qu'il avait rencontré une semaine plus tôt dans le magasin où il travaillait. C'était en fait un guet-apens. Il sera découvert 24 jours plus tard, le 13 février 2006, agonisant, le long des voies ferrées du RER C, à Sainte-Geneviève-des-Bois.
Pendant ces 24 jours, Ilan va vivre un calvaire, séquestré et torturé dans un immeuble de Bagneux.
L'autopsie a révélée des brûlures sur 80% du corps, plusieurs hématomes et contusions, une plaie à la joue faite au cutter, et deux plaies à l'arme blanche sous la gorge. Ces trois semaines de tortures, auxquelles s'ajoutent l'affaiblissement dû au froid et la faim, ont conduits à la mort d'Ilan Halimi.
Le caractère antisémite de l'affaire.
Ces semaines de tortures avaient été orchestrées par "le gang des barbares", composé d'une vingtaine de membres âgés de 17 à 32 ans et mené par Youssouf Fofana. Ils avaient déjà organisé plusieurs tentatives d'enlèvement mais toutes avaient échoué.
Ses ravisseurs, avaient comme objectif d'extorquer la somme de 450.000€ à la famille Halimi, supposée riche car juive, en échange de la libération d'Ilan.
Lorsqu'ils se sont rendus compte que le famille Halimi ne disposait pas de la somme demandée, ils ont chargé un rabbin de récolter l'argent auprès de la communauté juive, pour payer la rançon.
Après la mise en examens des membres du gang, le parquet a retenu la circonstance aggravante de faits commis en raison de l’appartenance de la victime à une ethnie, une race ou une religion déterminée.
15 ans après, ni oubli, ni pardon.
La naissance d'un "nouvel antisémitisme"
Suite à l'assassinat d'Ilan Halimi et des autres crimes visant la communauté juive dans les années qui ont suivi, le terme "nouvel antisémitisme" a beaucoup été entendu dans les médias et dans la politique.
Il désigne les nouvelles formes de discriminations envers les juifs, apparues depuis la fin du XXe siècle et le début du XXIe, et qui serait issu de l'opposition au sionisme et à l'État d'Israël notamment et qui émanerait des extrêmes gauche et droite.
En 2018, après deux années de baisse consécutives, le nombre d’actes antisémites (violences, menaces, atteinte aux biens, tentatives d'homicides et un homicide) recensés avaient bondi de 74 %, annonçait Christophe Castaner.
Pendant de nombreuses années, ce phénomène a été assimilé à l'islam, aux musulmans et aux quartiers populaires. On parle alors d'un antisémitisme qui est né dans les quartiers et les banlieues et dont les jeunes musulmans seraient les acteurs (antisémitisme des quartiers ou islamiste). En 2012, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France disait de l'antisémitisme qu'il était un " fléau dont nous savons qu'il est devenu de plus en plus important chez certains jeunes appartenant à la communauté arabo-musulmane en France."
Cependant, depuis 2018, on assiste à la réapparition d'une extrême droite virulente, qui passe à l'acte, notamment lors du mouvement des Gilets Jaunes où nous avons pu constater chaque samedi des actes et propos anti-juifs : " Bien qu'il soit né de revendications sociales et qu'il regroupe des manifestants n'arrivant pas à boucler leurs fins de mois, chaque samedi a été l'occasion d'actes graves ciblant la communauté juive. Sans que l'on puisse les attribuer aux gilets jaunes en général, mais sans qu'on puisse non plus les attribuer à d'autres "(via Liberation)
Selon une étude conduite par l'IFOP pour la Fondation pour l'innovation politique et l'American Jewish Committee, 34% des juifs de France déclarent se sentir menacés en raison de leur appartenance religieuse.
Aujourd'hui, l'antisémitisme est toujours trop présent dans notre société, et il nous incombe à tous de le combattre et de faire en sorte qu'il soit éradiqué.
#4 – @Asnières – 28/04/2017
12/10/2017 - @Centre Socioculturel Louise Michel
« Déplacer le centre du monde au quartier » le temps d’une soirée, c’est l’objectif que nous nous fixons chez GHETT'UP en organisant les Afterworks du Bendo. Les parcours de réussite des quartiers populaires, les jeunes en quête d'inspiration, et toutes les énergies curieuses qui veulent créer du lien se retrouvent pour échanger, développer leur réseau et donner naissance à de nouveaux projets.
En associant à chacun de nos afterworks des acteurs légitimes du territoire dans lequel nous intervenons, nous voulons valoriser tous les talents du « rain-té » et permettre une prise de confiance collective et individuelle.
NOS INVITÉS
SALAH DIDOUCHE
Fondateur du Transporteur du Pauvre
Après un master en droit, économie à IPAG Business School, et une expérience chez LVMH, Salah se lance dans l’entrepreunariat et fonde en 2015 Le transporteur du pauvre. Son but est de rendre plus accessible le transport et le déménagement en France avec un seul et unique fondement de base : Le collaboratif.
NORA HAMADI
Journaliste, Réalisatrice, Présentatrice chez Public Senat
Diplômée d’un DEA de Sociologie Politique à l'Université Paris - Nanterre, Nora évolue dans une carrière de journalisme notamment à Public Sénat. Impliquée dans le milieu associatif, assure bénévolement la co-rédaction en chef de Fumigène, littérature de rue, et anime des ateliers d’éducation aux médias et à l’information.
NICOLAS SENE
Réalisateur de talent
Nicolas Sene est un jeune réalisateur autodidacte qui a grandi dans la cité Pablo Picasso de Nanterre. Passionné de cinéma, il débute dans un court métrage puis décide de se lancer en tant que réalisateur dans un genre bien à lui : filmer la cité. Après un premier court métrage, il remporte un lauréat de France Télévisions avec son documentaire « Les Picasso ».